5 ans après

5 ans après le confinement

Je vois circuler sur les réseaux sociaux et dans la presse des contenus qui évoquent « l’anniversaire » de la crise du covid et surtout, le confinement. Et oui, c’était il y a déjà 5 ans… cette époque qui me semble à la fois lointaine et encore très proche. Photo Charles Postiaux

C’est en discutant avec une collègue plus jeune que je me suis rendu compte à quel point j’ai été marquée par cette crise. Lors d’une conversation, j’ai expliqué à plusieurs reprises que le covid m’avait empêchée dans mes projets de voyage, de création d’entreprise. Et elle m’a dit à un moment : « Mais le covid t’a vraiment gâché la vie ! »

Et là, cela m’a interpellé. En fonction de notre âge, notre environnement, nos projets à ce moment-là, nous n’avons pas toutes et tous été impactés de la même façon par le confinement.

Je n’irai pas jusqu’à parler de traumatisme mais il est clair que j’ai été profondément affectée par la crise du covid. En mars 2020, je venais d’entamer un congé sabbatique car j’étais en pleine remise en question professionnelle. J’avais effectivement de nombreux projets que je n’ai pas pu accomplir, mais ce n’est pas ce qui m’a le plus dérangée.

Ce qui m’a grandement atteinte, c’est la peur de perdre mes proches. Je me souviens encore très précisément, au moment de l’annonce du confinement, faire un sac pour aller rejoindre la maison familiale puis renoncer au dernier moment, de crainte d’avoir le covid et de le transmettre autour du moi.

Avec le recul, le confinement de 2020 m’apparaît comme le début des désillusions de notre époque moderne. Ayant grandi dans les années 1990, j’avais ce sentiment, comme d’autres personnes de ma génération je suppose, de faire partie de la post-modernité, de la post-histoire. Nous avons connu une grande période de paix, où le progrès semblait sans limite, où la technologie s’immisçait de plus en plus de notre quotidien et nous facilitait la vie. Je parle bien évidemment ici de mon point de vue de personne vivant dans un Occident privilégié.

Nous nous sentions invincibles et pourtant, en quelques jours tout s’est arrêté. Une citation de Paul Valéry résonnait beaucoup en moi : « Nous autres civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. » C’était dans le contexte de la Première guerre mondiale, mais cela se prêtait bien au bouleversement que nous vivions.

D’un point de vue plus personnel, je réalise à présent à quel point je me suis beaucoup repliée, pour ne pas dire recroquevillée sur moi-même. Il m’a fallu du temps pour sortir de cette coquille et avoir de nouveau envie de m’ouvrir au monde.

Tout n’était pas négatif pour autant durant le confinement. Sans obligation professionnelle, j’ai mené une vie plutôt tranquille, notamment faite de cuisine et binge watching. J’étais aussi très productive sur le blog, bien plus que ces derniers temps 😊 Là encore, j’ai bien conscience que le confinement a représenté une souffrance pour de nombreuses personnes privées de ressources et plongées dans la précarité.

Voir aussi Ma série feel-good du confinement

Mais en réalité, si j’ai pu affronter relativement sereinement le confinement, c’est parce que j’ai eu la chance, avant cela, de pratiquer de nombreuses activités, de prendre des cours du soir à l’université, de partir en voyage à l’autre bout du monde… Bref, de profiter de la vie.

Tout comme je suis heureuse d’avoir connu le monde d’avant les portables et Internet, je suis heureuse d’avoir connu cette période d’insouciance. Je pense que cela m’a grandement aidé à traverser le confinement et toute l’anxiété qu’il a générée.

Le défi maintenant, que j’ai déjà bien entamé, est de continuer à évoluer dans ce monde toujours plus incertain et pas toujours très enthousiasmant il faut le dire. Pour une introvertie comme moi, le confinement a été à double tranchant. D’un côté, c’était plaisant de rester dans une petite bulle et de l’autre, cela a agrandi la distance que je ressens souvent vis-à-vis de l’extérieur.

Bien sûr, j’aurais préféré que le covid n’arrive pas. Je considère aujourd’hui cette période comme une « parenthèse » qui a chamboulé mes projets de vie, mais qui ne les a pas annulés pour autant.

5 ans après, je dirai tout simplement que je suis reconnaissante d’être toujours là. Et que même avec toute la volonté du monde, certains événements nous dépassent et que c’est donc normal si tout ne se passe pas comme prévu. Ce qu’il faut, c’est réussir à s’adapter : je pense que c’est déjà pas mal.

Merci de m’avoir lue. N’hésitez pas à partager votre ressenti en commentaire 😊

PS : même si j’en avais envie, je n’ai jamais cru que nous vivrions un monde d’après, plus beau, plus solidaire, plus raisonnable. C’est pourquoi je n’aborde pas cet aspect dans l’article. Pourtant, comme le dirait Dewey, « je m’attendais à rien et je suis quand même déçue ».

5 ans après le confinement

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